vendredi 16 septembre 2011

L'itinéraire d'une caravelle d'Alain Pacquier

Rembrandt,
Le cour d'anatomie du Docteur Tulp (détail),
1632
Nous sommes dans une chambre universitaire, Gaëlle et moi. Neuf mètres carrés, voilà l’espace dont ma camarade étudiante bénéficiait pour vivre. Dans ce réduit, de la taille d’un grand placard, mon amie me partage ses souvenirs de Bolivie. Nous sommes en 2004, nous entamons toutes deux notre deuxième année de musicologie à l’université de Strasbourg.Gaëlle est lorraine, sa famille habite près de Sarrebourg. Ce détail, en apparence anodin, est pourtant au fondement de cette anecdote. Car depuis le début des années 1990, Alain Pacquier œuvrait à la rencontre de « deux mondes » près de Sarrebourg, le France et l’Amérique latine. Son rêve fou, né d’une simple intuition était de faire renaître une musique oubliée depuis des siècles outre-Atlantique, la musique baroque et de la faire réentendre, ici, en Lorraine et là-bas, en Amérique latine. Des centaines de jeunes boliviens, péruviens, mexicains et lorrains, ont pu bénéficier des programmes d’échanges et des formations qu’il mit en place. Gaëlle, sans le savoir, était en train de me raconter cette histoire, qui l’avait bouleversée, qui avait affermit son goût pour la musique baroque latino-américaine. Pendant les deux autres années que durait notre formation, elle ne cessa de me rappeler cette passion, originale, dont peu de nous pouvaient se faire l’écho, si ce n’est les étudiants péruviens et colombiens avec qui elle se liait plus facilement que nous d’amitié.
Alain Pacquier a voulu jeter un pont entre ces deux cultures. L’exemple de Gaëlle montre qu’il a réussi. Je prends conscience de cela alors que je lis son dernier ouvrage, Le Retour des Caravelles.
Je dois écrire une chronique dessus, je n’ai pas encore d’inspiration, juste cette histoire qui me trotte dans la tête, et cette citation de R.M Rilke qu’Alain Pacquier cite dans son avant-propos :
« Ce n’est qu’en vivant les questions que vous entrerez insensiblement dans les réponses ».
Le pouvoir des visionnaires est de créer une onde de choc dont le simple écho peut venir un jour toucher nos vies avec une proximité saisissante.
Aujourd’hui c’est Alain Pacquier qui surgit à travers cette ellipse. Hier, ce fut quelqu’un d’autre, avec un certain disque « Aux marches du Palais », acheté, un peu par hasard j’avoue, à l’abbaye du Thoronet. C’était en 2006.

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