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L'exposition d'Ivan Seal part de "la chose la plus bête qui soit", un socle et de la glaise et de pas mal de peinture. De là, l'artiste anglais nous accompagne dans un cheminement imprévu.
La pièce se présente sous la forme d'une quinzaine de tableaux peints de petits formats, couvrant l'un des pans de murs du deuxième étage du CEAAC.
Grâce à ces quelques éléments de peinture, l'artiste nous amène à la frontière entre le niveau de représentation et le niveau de matière concrète. Le faux se fait passer pour du vrai, le mensonge devient le maître d'oeuvre. "Mais quelle drôle de mensonge" s'exclame le peintre. Il nous balance entre le concret et l'immatériel. Celui qui gagne en fin de compte c'est le hasard. Hasard des mots-sons choisis arbitrairement qui accompagnent les tableaux, hasard des association dans l'esprit du spectateur.
Mais le bouleversement est intime, tout comme le format des oeuvres, que l'on pourrait glisser sous le bras. Pas de tempête dans cette exposition, mais une invitation à l'introspection et la contemplation de son propre désordre intérieur.
L'exposition, sous ses airs bien rangé, produit en nous un décalage. L'apparente logique rassure le spectateur, quoique de plus simple en effet que de la terre glaise sur un socle, quelques bout de ficelles, de la peinture... puis, en s'approchant, l'artiste nous piège. Les lignes de fuite virent mal, les ficelles surgissent sans logique, les tâches de peinture trahissent le trace du doigt accidentellement posée sur la toile encore fraîche. L'esprit s'agite, les associations commencent : cette ficelle et ce bout de terre glaise, un pendu, des coquillages, des vides, nous sommes renvoyé dans notre inconscient, nos souvenirs, nos émotions et nous voilà piégé à nouveau. De matériau anodin, nous atterrissons dans le grand univers de l'imagination.
Mais n'est-ce pas le propre de l'art ? Si oui, Ivan Seal ne tenterait-il pas de nous piéger une troisième fois en nous faisant une leçon caché d'esthétique ? A vous d'y penser, n'est-ce pas Ivan !
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