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Jacques-Bénigne Bossuet, Musée du Louvre |
« Par le secours de l’histoire, ils forment leur jugement ». C’est ainsi que Jacques-Bénigne Bossuet adjoint aux princes de connaître l’Histoire. Le précepteur de Louis de France, fils de Louis XIV, tout emplit d’une connaissance encyclopédique, père de nombreuses conversions, adulé pendant plus de trois siècles après sa mort, n’est cependant plus dans l’Histoire que notre époque a retenu.
Une Langue Morte,
celle de Bossuet, Jean-Michel Delacomptée s’interroge. Les sermons et autres
discours sur l’Histoire du prêtre sortent du temps par l’universalité du
propos, d’où la fonction pédagogique à usage du Dauphin s’efface pour
s’adresser au plus grand nombre.
Malgré l’érudition historiographique et la qualité évidente
de la conduite spirituelle de ces textes,
notre intérêt pour eux s’est amoindri. A qui la faute ? Est-ce
l’état ambiant de stupeur intellectuelle
dont souffre notre temps, ou alors le désintéressement persistant envers
toute forme de métaphysique qui est en cause? Les deux raisons semblent jouer.
Mais comment alors redonner le goût à nos contemporains pour Jacques-Bénigne Bossuet ?
Jean-Michel Delacomptée propose un détour astucieux qui
s’appuie sur un défaut, et pas des
moindre, de notre temps, et que l’on pourrait abusivement nommer, voyeurisme.
Entendez par là notre goût pour toutes les affaires privées des personnes
célèbres. Ainsi, l’auteur tire un portrait intime du prédicateur dans une
langue rebondit et généreuse d’intrigues dont la richesse historiographique semble
tout droit sortir d’un récit de Saint-Simon.
C’est d’ailleurs avec ce deuxième auteur que Jean-Michel
Delacomptée nous offre une nouvelle démonstration de ses talents d’historien. La grandeur de Saint-Simon, face à la
médiocrité des intrigues de la Cour de Louis XIV, ne doit pas caché les états
d’âme d’un homme pour qui la nature ne fut pas généreuse et dont l’esprit n’en
fut pas moins grandiose.
Deux historiens historiés avec talent, c’est le programme
que nous propose Jean-Michel Delacomptée et que nous ne saurions que trop vous
conseiller.
Pour agrémenter ces lectures, n’hésitez pas également à
découvrir la courte, mais piquante lettre de Fénelon adressée à Louis XIV, que
les éditions Bartillat ont eu la bonne idée de rééditer dernièrement.
A lire :
La Grandeur (Saint-Simon), Jean-Michel Delacomptée, Gallimard, collection Un et L’Autre, 2011
Lettre à Louis XIV et autres écrits politiques, Fénelon, Omnia, 2011
Langue Morte (Bossuet), Jean-Michel Delacomptée, Gallimard, collection Un et L’Autre, 2009
Anthologie des Mémoires de Saint-Simon, LGF, collection La Pochothèque, 2007
Œuvres, Bossuet, Gallimard, collection Pléiade, 1936
Lettre à Louis XIV et autres écrits politiques, Fénelon, Omnia, 2011
Langue Morte (Bossuet), Jean-Michel Delacomptée, Gallimard, collection Un et L’Autre, 2009
Anthologie des Mémoires de Saint-Simon, LGF, collection La Pochothèque, 2007
Œuvres, Bossuet, Gallimard, collection Pléiade, 1936
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