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Mon travail dans l'Autre Monde m'offre une nourriture artistique suffisament abondante pour remettre en marche mes neurones et tenter d'en sortir quelques substances qui risquaient de s'empâter dans un coin de ma tête. Fort heureusement, des oeuvres d'une beauté incomparable sont venues me saisir avant qu'il ne soit trop tard ! C'est ainsi que le Requiem de Mozart interprété par Téodor Currentzis est venu réveiller mon esprit.
Venir secouer le temple Mozart n'a rien d'évident, surtout lorsqu'on s'attaque à un édifice de l'importance du Requiem. Nombreux sont les chefs qui y ont laissés des plumes.
Comment en effet jouer cette partition d'une apparente facilité, qui pourtant cache des pièges à presque chaque mesure ? L'erreur à ne pas commettre est de s'engouffrer dans tous les temps et de s'y endormir. Faisons plutôt rebondir les basses, allégeons les aigues. La mort est-elle dans les tréfonds de la terre ou dans les nuées des cieux ?
T. Currentzis a pris position et tout s'envole. Les basses de l'Offertorium ne laissent aucun doute là-dessus. Ce qui m'a séduit se trouve pourtant ailleurs. C'est dans le mouvement que réside mon véritable attrait pour cette oeuvre. Je m'explique.
Le Requiem, messe en mémoire des morts, ne trouve son sens à mon avis n'ont pas dans l'éloge de la mort, mais dans son opposé qui s'y reflète, la vie. Or beaucoup d'interprétations semblent s'empâter dans la seule commémoration trop solennisées de la mort, sans y chercher son reflet.
Le Requiem, messe en mémoire des morts, ne trouve son sens à mon avis n'ont pas dans l'éloge de la mort, mais dans son opposé qui s'y reflète, la vie. Or beaucoup d'interprétations semblent s'empâter dans la seule commémoration trop solennisées de la mort, sans y chercher son reflet.
T. Currentzis ne tombe pas dans cet écueil. Il nous offre une version qui passe de l'évocation de l'esprit en furie, grâce au relief de ses nuances, au vombrissement de l'âme par le crissement des archers qui rayent littéralement les cordes des contrebasses, violoncelles et violons. L'ensemble permet de créer une spirale qui tourne sur elle-même et crée le mouvement.
La maîtrise technique est donc à l'origine de cette sensation. Mais l'audace du jeune chef réside surtout dans l'apparent détachement de l'artiste avec son oeuvre, lui laissant alors tout l'espace nécessaire à son déploiement et à son expression autonome.
Peut-être que je me trompe. Le travail effectué à certainement été d'une précision d'orfèvre. Néanmoins, ce qui est frappant c'est la liberté qui se dégage de cette musique, qui semble s'affranchir de toutes contraintes matérielles, pour ne laisser place qu'à la plus pure expression de la partition.
Jugez par vous même : Requiem de Mozart, par le choeur et l'orchestre de chambre de l'opéra de Novosibirsk, direction Teodor Currentzis, Alpha Production, n°178.
Disponible à l'Autre Monde
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