La lecture de la presse spécialisée ou des blogs d’opinion tire une sonnette d’alarme dont je souhaite faire l’écho ici car le phénomène semble prendre de l’ampleur. Ces phénomènes qui sont la détérioration de la qualité des produits culturels tant dans leur conception que dans leur production, ainsi que le progressif effacement des programmes culturels de tous médias, ne peuvent être qu’alarmants. Je rejoins
l’avis de Jean-Christophe Pucek qui nous interroge sur la façon de transmettre notre patrimoine culturel et encore plus musical à ceux qui sont éloignés des seules sources qui donnent encore de l’information sur ce sujet.
Le recul progressif des collectivités territoriales du domaine culturel est un autre signe du mal dont semble souffrir de plus en plus notre époque. Certes l’utopie de la démocratisation culturelle a montré ses limites et pourrait justifier de nouvelles approches, mais de là à laisser tomber toute forme d’action vis-à-vis des publics éloignés de la culture, la mesure n’est pas la même. Bien entendu, les pouvoirs publics ne seront pas d’accord là-dessus, un budget est toujours alloué aux arts. Mais lesquels ? C’est cela la question.
Car tous les arts n’ont pas la cote. La musique fait ici office de parent pauvre tant sa représentation dans les différents médias se réduit à peau de chagrin. Oui bien sûr l’auditeur lambda vous dira que toute façon il n’écoute de la musique classique que pour s’endormir. Forcément, puisque la musique à laquelle il a accès ne pourra que très difficilement faire autre chose que l’endormir. Car que trouve-t-on en tête de gondole des supermarchés au rayon « Classique », les « Prêtres » ou un énième enregistrement des Nocturnes de Chopin aussi lissé que le précédent. La grande distribution ne prend pas de risque, la loi du marché a fait le ménage.
Et quand à présent il m’arrive d’offrir un disque de musique ancienne à un néophyte et que celui-ci me répond, « pour une fois, je ne me suis pas endormi, d’où vient cette musique ! », j’ai envie de dire à tous les directeurs de conscience de la prétendue culture, gouvernés par leurs seules lois mercantiles, qu’en terme d’achat, un esprit éveillé en vaut plus que dix endormis. Mais peut-être ne suis-je pas au fait des avancées technologiques qui nous permettront de nous satisfaire de n’importe quelle bouillie musicale pourvu que celle-ci nous permette d’utiliser notre carte de crédit. Quand je le serai, je dirai un grand merci au grand Big Brother qui a su me débarrasser de toute faculté de discernement pour pouvoir entrer béate et comblée dans l’univers merveilleux du consumérisme de masse !
Avant d’en arriver là, « Restons Curieux ! ».
A lire :
L'article de Jean-Paul Combet sur le dernier enregistrement du Poème Harmonique : http://www.lautremondeparis.com/Pages/page.aspx?p=00022
L'article de Jean-Christophe Pucek,
Classiques caciques, histoires d'un désamour : http://www.passee-des-arts.com/article-classiques-caciques-histoires-d-un-desamour-86226521.html
Et une petite perle pour les oreilles :
L'Ange Gardien, Les Sonates du Rosaire de Heinrich Ignaz Franz Biber