mardi 11 octobre 2011

RIP Culture, pas question !

La lecture de la presse spécialisée ou des blogs d’opinion tire une sonnette d’alarme dont je souhaite faire l’écho ici car le phénomène semble prendre de l’ampleur. Ces phénomènes qui sont la détérioration de la qualité des produits culturels tant dans leur conception que dans leur production, ainsi que le progressif effacement des programmes culturels de tous médias, ne peuvent être qu’alarmants. Je rejoins l’avis de Jean-Christophe Pucek qui nous interroge sur la façon de transmettre notre patrimoine culturel et encore plus musical à ceux qui sont éloignés des seules sources qui donnent encore de l’information sur ce sujet. Le recul progressif des collectivités territoriales du domaine culturel est un autre signe du mal dont semble souffrir de plus en plus notre époque. Certes l’utopie de la démocratisation culturelle a montré ses limites et pourrait justifier de nouvelles approches, mais de là à laisser tomber toute forme d’action vis-à-vis des publics éloignés de la culture, la mesure n’est pas la même. Bien entendu, les pouvoirs publics ne seront pas d’accord là-dessus, un budget est toujours alloué aux arts. Mais lesquels ? C’est cela la question. Car tous les arts n’ont pas la cote. La musique fait ici office de parent pauvre tant sa représentation dans les différents médias se réduit à peau de chagrin. Oui bien sûr l’auditeur lambda vous dira que toute façon il n’écoute de la musique classique que pour s’endormir. Forcément, puisque la musique à laquelle il a accès ne pourra que très difficilement faire autre chose que l’endormir. Car que trouve-t-on en tête de gondole des supermarchés au rayon « Classique », les « Prêtres » ou un énième enregistrement des Nocturnes de Chopin aussi lissé que le précédent. La grande distribution ne prend pas de risque, la loi du marché a fait le ménage. Et quand à présent il m’arrive d’offrir un disque de musique ancienne à un néophyte et que celui-ci me répond, « pour une fois, je ne me suis pas endormi, d’où vient cette musique ! », j’ai envie de dire à tous les directeurs de conscience de la prétendue culture, gouvernés par leurs seules lois mercantiles, qu’en terme d’achat, un esprit éveillé en vaut plus que dix endormis. Mais peut-être ne suis-je pas au fait des avancées technologiques qui nous permettront de nous satisfaire de n’importe quelle bouillie musicale pourvu que celle-ci nous permette d’utiliser notre carte de crédit. Quand je le serai, je dirai un grand merci au grand Big Brother qui a su me débarrasser de toute faculté de discernement pour pouvoir entrer béate et comblée dans l’univers merveilleux du consumérisme de masse ! Avant d’en arriver là, « Restons Curieux ! ».

 A lire :

L'article de Jean-Paul Combet sur le dernier enregistrement du Poème Harmonique : http://www.lautremondeparis.com/Pages/page.aspx?p=00022

L'article de Jean-Christophe Pucek, Classiques caciques, histoires d'un désamour : http://www.passee-des-arts.com/article-classiques-caciques-histoires-d-un-desamour-86226521.html

Et une petite perle pour les oreilles :
L'Ange Gardien, Les Sonates du Rosaire de Heinrich Ignaz Franz Biber

mardi 4 octobre 2011

" Les musiques d'Henry IV", un documentaire Arte qui réjouit les oreilles !

Dimanche soir dernier, je venais d'allumer ma télé pour m'occuper l'esprit pendant les 7 minutes de cuisson de mon plat de pâtes, quand j'eu une belle surprise en entendant le début d'un air de Pierre Guédron, En ce bois si beau je m'amuse. Merveille, je venais de tomber sur un programme à propos de la musique sous Henry IV ! Arte a eu l'idée très heureuse de nous concocter un programme sur la naissance de la musique baroque en France, en laissant la part belle aux enregistrements musicaux, qui une fois n'est pas coutume, nous étaient proposés dans leur intégralité. Vous reconnaîtrez aisément qu'il n'est pas courant d'entendre du John Dowland, ou encore du Eustache du Courroy, en dehors des programmes sur Mezzo.
Alors comme la vidéo est encore disponible sur Internet, je vous invite à la visionner, c'est un régal !

Deux nouveautés exceptionnelles : les enregistrements inédits de Luis de Briceno et de Michelangelo Falvetti par le Poème Harmonique et Leonardo Garcia Alarcon


Agostino Carracci [Public domain], via Wikimedia Commons

Cette rentrée est marquée par la sortie de deux disques qui méritent de retenir toute notre attention, tant par leur qualité artistique, que par l’originalité de leur sujet.
Il s’agit tout d’abord du disque du Poème Harmonique, El Fenix de Paris, qui  nous propose de redécouvrir un compositeur espagnol qui officia en France au milieu du XVIIème siècle, Luis de Briceño. Dans ce très bel enregistrement, Vincent Dumestre et ses acolytes du Poème Harmonique, font renaître des mélodies oubliées depuis cette époque. Nous y retrouvons toutes l’expressivité musicale de l’ensemble qui réussit une fois de plus à nous toucher, grâce aux danses rythmées dont l’élan est donné par la très dynamique guitare baroque de Vincent Dumeste, ainsi que par les mélodies expressives joliment colorées par les voix de Claire Lefiliâtre et Isabelle Druet. Nous retrouvons tout le plaisir de la découverte musicale que l’ensemble nous avait déjà offert à travers leurs enregistrements de musiques de danses d'Etienne Moulinié, de Pierre Guédron, ou encore d’Anthoine Boesset.
L’autre sortie disque est tout aussi remarquable, puisqu’elle aussi inédite. Il s’agit du Il Diluvio Universale de Michelangelo Falvetti, dirigé par Leonardo Garcia Alarcon, dont la première représentation a eu lieu en septembre dernier au festival d’Ambronay. Le jeune chef argentin nous avait déjà régalés de deux superbes disques en 2011 : Les Vespro a San Marco de Vivaldi, ainsi que l’Ave Maria de Giovanni Giorgi, autre compositeur ignoré, dont la découverte fut un véritable coup de foudre pour le chef.  Avec cet enregistrement de Falvetti, Leonardo Garcia Alarcon arrive une fois de plus à nous convaincre, en jouant, cette fois-ci, sur la restitution théâtrale et lyrique de ce drame aux saveurs de fin du monde dont Noé et sa femme sont les principaux instigateurs.  Il bénéficie pour cela de la participation de chanteurs talentueux tels que Caroline Weynants, Fernando Guimares, ou Mariana Flores. Le ton est grandiloquent et l’ensemble impressionnant, au risque parfois d’en faire un peu trop, seul point que l’on pourrait toutefois reprocher au jeune chef.
Je vous invite néanmoins à découvrir ce disque, ou mieux, à  aller les écouter en direct puisque l’ensemble est en tournée nationale jusqu’à la fin de l’année.
Pour trouver toutes leurs dates de concert : www.agendaculturel.fr/leonardo-garcia-alarcon
Site officiel de Léonardo Garcia Alarcon : www.leonardogarciaalarcon.com
Site officiel du Poème Harmonique : www.lepoemeharmonique.fr