Messieurs Courtillot et Allègre vous nous dites que l'origine humaine du réchauffement climatique est une duperie, une manipulation de quelques scientifiques bien intentionnés qui souhaitent voir le retour d'un âge ancestral, presque chamanique où la nature serait toute puissante sur l'homme. Votre point de vue nous interroge, nous les citoyens dépendants des médias et ceci à deux égards.
Comment la presse avec le concours des scientifiques nous aurait manipulée pendant des années en nous servant une soupe écolo aux seules fins de voir le retour d'un âge dépassé. Je ne suis pas sûre que ce discours soit cohérent. L'ombre du super complot digne de série américaine semble trop évidente pour être réelle.
Mais au delà de la véracité ou non de l'implication humaine dans le réchauffement climatique, ces deux messieurs interrogent sur la faculté pour chaque citoyen de mettre en doute les informations qui lui sont transmises.
Dans un monde où une masse d'information pléthorique est accessible à tous avec la plus grande facilité, ne sommes pas nous pas en définitive, sous informés ? Le "cens caché" de Daniel Gaxie ne joue-t-il pas également pour l'information, avec d'un côté ceux qui possèdent le capital culturel suffisant pour aller chercher les informations justes et les mettre en perspective et de l'autre, ceux qui dépendent d'une sélection préalable effectuée par les média.
Les thèses de MM. Courtillot et Allègre nous mettent cependant tout à coup tous dans le même sac. Je dis nous pour désigner la masse des néophytes scientifiques qui n'ont pas les outils en main et les instruments d'analyse nécessaires pour tirer leurs propres conclusions sur l'origine du réchauffement climatique. Leur doute nous rappelle notre propre dépendance.
En effet sans la médiatisation de leur questionnement, n'aurions nous jamais remis en cause notre rôle actif dans le réchauffement climatique ?
Donc loin de me rallier à leur conclusion qui me semble trop peu nuancée pour s'avérer juste, je vois tout de même dans ce nouveau débat l'occasion de rappeler l'importance du doute qui selon moi est la clé de l'accession la plus juste possible à la réalité des faits.